Lorsque je suis rentrée en CP j'ai appris à écrire et je me suis très rapidement lancée dans une carrière d'écrivain. Ma première oeuvre fut un conte de fées, qui commençait par cette phrase :
" Il était une fois une petite fille qui s'appelait Annie."
J'avais d'abord songé à appeler mon héroïne "Le Petit Chaperon Bleu", mais le personnage prenait dans mon esprit une tournure autobiographique. Je cherchai alors un nom qui évoquât le mien sans toutefois que le lecteur pût deviner qu'il s'agissait d'un roman à clef. J'avais cinq ans et demi. Le prénom d'Annie, à la fois même et autre, me parut tout indiqué.
Je passai donc à la seconde phrase du conte, qui disait :
"Un jour, Annie se promenait dans la forêt"
Il fallait faire attention. Des détails pouvaient révéler l'identité véritable de mon héroïne. La chaussette en accordéon, les nattes étaient autant d'indices susceptibles de me trahir. Je donnais donc à mon héroïne les chaussures vernies et le col Claudine en celluloïd que l'on m'avait systématiquement refusés, pour des raisons restées obscures encore aujourd'hui.
Le décor était planté, le personnage principal campé dans ses grands traits, l'action pouvait commencer.
(à suivre)